à propos du Goëlo 8/11/2015

ÉTUDE SUR LE COMTÉ  GOËLO-AVAUGOUR. 
par Bernard Morice.

LE GOËLO.

La Domnonée , qui s’étendait de Dol à la Pointe St Mathieu est divisée après le VI° siècle en différents pays (« pagi ») dont le Penthièvre , le Poudouvre , le Goëlo - région située entre Dol et Paimpol , le Trégor ….. En 1030 , Alain III duc de Bretagne donne à son frère Eudes les régions de Dol , de Saint-Brieuc et de Tréguier (dont le Goëlo)

Avant sa mort, Etienne -fils d’Eudes- procède au partage de ses possessions entre ses 3 fils

• Alain reçoit le comté de Richmond en Angleterre
• Geffroy Bothorel reçoit l’archidiaconé de Penthièvre (ie la partie Est de l’évêché de Saint Brieuc)
• Henry I° reçoit le Trégor et l’archidiaconé du Goëlo (ie la partie Ouest de l’évêché de Saint Brieuc comprenant le Goëlo et le secteur de Loudéac)

Première Maison d’Avaugour-Goëlo

Alain I°, fils d’Henry I°, sera comte du Goëlo . A la mort de son oncle Geffroy Bothorel en 1093 , il héritera du Penthièvre et du Trégor , et de l’ensemble des droits de sa famille sur la Bretagne Son fils Henry II naitra en 1205 Vers 1214 Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, profite de la minorité d’Henry II pour s'emparer de la plus grande part de ses possessions ne lui laissant que le Goëlo.

Ainsi réduit à ne plus disposer que d'un modeste apanage , le comte Henry II va prendre dès 1217 le nom d' Henry II d'Avaugour (du nom du château d'Avaugour qui se dresse sur un éperon dominant le cours du Trieux à l'extrémité occidentale de Plésidy «au terrouer de Goëlo» , aujourd'hui Saint-Péver) On dit alors indifféremment Avaugour , Goëlo-Avaugour ou Goëlo

Henry II épousera en 1225 Marguerite de Mayenne et mourra en 1281 au couvent des Cordeliers de Dinan où il est entré comme novice quelques années auparavant. En 1246 Alain II, fils d’Henry , épouse l’héritière de la seigneurie de Dinan . En 1264 il cédera la totalité de ses terres en Bretagne au duc Jean I° pour 16000 Livres tournoi Suite à une longue procédure cette transaction sera annulée en raison « de la folie , de la prodigalité et de l’incompétence à gouverner » d’Alain II

Lui succèderont Henry III (1280-1334) comte de Goëlo-Avaugour , puis Jeanne d'Avaugour qui épousera en 1316 Guy de Bretagne, frère cadet du duc Jean III qui le mit en possession du Comté de Penthièvre Ainsi se retrouvent à nouveau réunis Penthièvre et Goëlo

De cette union naît Jeanne de Penthièvre, unique héritière, qui épousera en 1337 Charles de Blois, prétendant malheureux à la couronne ducale lors de la guerre de Succession de Bretagne

En 1420 les petits-enfants de Jeanne de Penthièvre, conduits par sa belle-fille Marguerite de Clisson , comtesse douairière de Penthièvre , fomentent un complot contre la personne du duc de Bretagne Jean V à Champtoceaux . L'échec de la conspiration a pour les Penthièvre des conséquences énormes, puisqu'il aboutit en 1425 à la confiscation de leurs seigneuries , dont Avaugour-Goëlo, ce qui marque la fin de la Première Maison d'Avaugour.

En 1448 leur comté est restitué aux Penthièvre contre une renonciation à leurs droits sur le duché de Bretagne , puis à nouveau confisqué en 1465

Deuxième Maison d’Avaugour-Goëlo

François comte d’Etampes né en 1435 vit à la cour de France lorsqu’il hérite en 1458 du duché de Bretagne et des comtés de Richmont (Angleterre) et de Vertus Devenu duc de Bretagne sous le nom de François II il épousera en 1455 Marguerite de Bretagne (fille du duc François I) et à la mort de cette dernière se remariera en 1471 avec Marguerite de Foix dont il aura deux filles : Anne née en 1477 (la future duchesse Anne) et Isabeau née en 1481 . De sa maitresse Antoinette de Maignelais il aura en 1462 un fils illégitime François au profit duquel il recrée la Maison d’Avaugour-Goëlo .

Cette «Première baronnie de Bretagne» regroupe les chatellenies de Paimpol , de Lanvollon et de Chatelaudren , puis en 1481 celles de La Roche Derrien , de Chateaulin-sur-Trieux (Plouëc du Trieux) et de Pontrieux , ainsi que celles de Vertus

La baronnie d'Avaugour alors comprend les territoires suivants :

- La châtellenie de Châtelaudren qui s'étend pour la partie relevant de Tréguier à la paroisse et seigneurie de Plouagat et ses trèves , à Goudelin et sa trève , à Ploumagoar et ses trèves , à Boquého et aux trèves de Plésidy. Dans la ville de Châtelaudren se trouvent l'auditoire et la prison ; la seigneurie y possède la cohue, un droit de marché chaque lundi et quatre foires l'an. Les juridictions de Beauregard-Quintin au Guéméné, dont le château est à Saint-Clet , la vicomté de Quemper-Guézénnec-Pontrieux-Frinaudour relevant d'Avaugour en proche et arrière-fief , Goudelin , La Feuillée , Perrien , Liscoët , Locmaria , Munehore , Villeneuve-sur-Trieux , Coatcanton à Quemper-Guézennec , Kerdaniel , prétendant toutes à la haute justice, Malros et Kermartin au nombre des moyennes et basses justices, sont inférieures à la châtellenie de Châtelaudren.

- La châtellenie de Plouëc du Trieux (Chateaulin sur Trieux) - Pontrieux comprend Ploézal , Plouëc du Trieux , Pleubian avec dans ces paroisses plusieurs seigneuries relevant prochement et ligement d'elle : La Roche Jagu , Cosquer-Kericuff , Lisquilly-Briantel , Kerhouarn , Kercabin et Troniou-Kertoupin, Trogoff , Lestrézec , Kerhos , Réchou , Launay.

- La châtellenie de La Roche-Derrien consiste en cette seule ville , deux villages de Pommerit-Jaudy , Pen Bizien et Kervaudu , et Kersalliou , haute justice de Pommerit-Jaudy qui est la seule juridiction dans sa mouvance.

Dans toute l'étendue de la baronnie , le baron d'Avaugour est fondateur , prééminencier et seul seigneur supérieur dans toutes les églises chapelles et hôpitaux , pour lesquels il a le droit de patronage et présentation. Se rapportant à La Roche-Derrien, il possède le droit de lever une coutume de six deniers sur chaque tonneau de vin entrant ou déchargeant dans le Jaudy, de Tréguier à La Roche-Derrien. La vicomté de Quemper-Guézennec et la seigneurie de Léhart sont issues en juveignerie de la Maison d'Avaugour.

A François II succéderont François III mort sans descendance , Odet son frère , Charles de Bretagne , Claude , Louis mort en 1669 sans postérité , Claude son frère , Armand-François sans descendance , Henri-François son frère sans postérité , Claude de Bretagne en 1751 , puis Marie de Bretagne, épouse d' Hercule-Mériadec de Rohan , prince de Soubise.

Le comté d’Avaugour passe alors par héritage aux princes de Soubise jusqu’à la Révolution  : en 1781 Avaugour est à leur petit-fils, Charles de Rohan, maréchal de France et ministre d'Etat, prince de Soubise et d'Épinay, duc de Rohan-Rohan, comte de Vertus et de Goëlo, baron d'Avaugour, premier baron de Bretagne, capitaine-lieutenant des gendarmes de la garde ordinaire du roi, gouverneur des provinces de Flandres et de Hainaut, gouverneur particulier des ville et citadelle de Lille.

A son décès en 1787 ses enfants, Louis-Henri et Louise-Adélaïde, héritent d' Avaugour.

Et la Révolution arrive ….

Nota : En breton on dit indifféremment Goelo(u) ou Bro Ouelo(u)

- Selon Erwann Vallerie , le dialecte du Goëlo, parlé dans la région de Paimpol , généralement considéré comme inclus dans le dialecte trégorrois, ferait historiquement partie du dialecte oriental (compenant le gwenedeg ou parler de Vannes , le kerneveg parler de l’extrême Est de la Cornouaille et celui du Goëlo) Les différences les plus notables concernent , outre certaines expressions locales , la prononciation /v/ ou /f/ des terminaisons -v , là où les autres dialectes prononcent /o/, /w/, ..., et l'affaiblissement de l'uvulaire « c'h » (ainsi le mot français « amer » , écrit c'hwerv en breton , se prononce localement /wɛʁf/ et non /χwɛʁw/) . - Le nom Goëland provient du verbe breton « gouelãn » qui signifie « pleurer » par analogie avec le cri de cet oiseau - - Le nom Goëlette apparu vers 1750 pourrait lui provenir directement du nom Goëlo