MIROIR DU CINÉMA QUINOCÉEN.
Chronique plus ou moins régulière sur les films projetés au cinéma "Arletty" par Jean Michel FOREST.
Cette semaine au cinéma "Arletty" on peut voir Rio 2 avec ses
enfants et petits-enfants, on peut aussi voir le dernier Lelouch avec les compères Johnny
et Eddie, on peut aussi voir Les Yeux Jaunes des Crocodiles mais le petit bijou, le vrai
diamant à ne pas manquer c’est Nebraska ...!!!
A la sortie d’une ville, au bord d’une route assez
fréquentée pour être dangereuse, un vieil homme marche en boitant, la voiture du shériff s’arrête et
l’on comprend alors que le vieil homme n’a plus vraiment toute sa tête.
Son fils vient le
chercher au poste de police, le ramène chez lui auprès de sa femme qui crie son désespoir de
vivre avec un vieux fou qui pense avoir gagné un million de dollars parce qu’il a reçu
une lettre d’un journal du Nebraska le déclarant gagnant de cette somme et qu’il refuse
d’admettre qu’il s’agit d’un piège pour nigaud ....
La photographie en Noir et Blanc
accentue l’expression butée des visages à qui on ne doit plus en compter sur l’Amérique des
gagnants, car nous sommes ici dans l’Amérique profonde, celle dont l’horizon est le
cul des vaches ou des cochons, des infinis champs de maïs ou de blé, celle qui a les mains
pleines du cambouis des moteurs de voiture, des camionnettes ou des machines
agricoles, celle qui part en Corée sans rien dire quand l’Amérique a besoin pour sa politique
d’envoyer ses garçons au bout du monde et ceux-là partent sans protester, sans doute
sont-ce les mêmes qui ont été envoyés au Viet-Nam dans les années 60 et dont Pierre
Schoendoerffer fait le portrait dans «Réminiscence 1989», vingt ans après leur retour ...
Cette Amérique là n’est pas celle de la côte Est ou de la Californie, ce n’est pas non
plus celle des panoramas grandioses et pittoresques, - le seul moment où un peu de
pittoresque touristique se glisse dans le film, le Mont Rushmore et ses gigantesques
sculptures, le vieux ne trouve pas la représentation des présidents à son goût -, non l’Amérique
que nous présente le réalisateur Alexander Payne, c’est l’Amérique de la classe
moyenne, pas vraiment pauvre,
pas vraiment riche, celle qui se retrouve avec pas grand
chose dès qu’arrivent les difficultés économiques, qui s’évade par la bière, le goût
des voitures, le karaoké, et la vision des matches de base-ball à la télé ...
Elle n’est pas
vraiment sympathique, cette Amérique, et pourtant l’obsession du vieil homme à vouloir
empocher un magot illusoire au soir de sa vie et la tendresse du fils qui comprend qu’au
lieu de traiter son père de vieux fou et de l’envoyer en maison de retraite comme le suggère
le reste de la famille, il doit
l’aider à aller au bout de sa quête, même s’il sait qu’au
bout du compte, il n’ y aura rien, est extrêmement touchante et profondément émouvante. Sans
doute une métaphore de beaucoup de vies ...
Une sorte de Road-Movie en Noir et Blanc
et Cinémascope pour bien prendre la mesure de l’immensité un peu ennuyeuse de
l’espace entre le Montana, le Wyoming, le Dakota du Sud et le Montana ...
On peut se
souvenir de David Lynch et de son film «Une Histoire Vraie» où un vieil homme décide d’aller
voir son frère malade et pour se faire parcourt des milliers de kilomètres sur une
tondeuse à gazon ...
J’y retrouve ce sentiment où malgré la misère de la plupart de nos vies,
c’est un sentiment de grandeur de l’existence humaine qui se dégage grâce à la volonté
tenace d’êtres qui ont décidé que la vie malgré tout pouvait être bonne, à condition aussi d’y
mettre »le prix» ...
L’acteur Bruce Dern qui joue le rôle du vieil homme a remporté le
prix d’interprétation masculine au festival de Cannes 2013 !!!
A voir en VO à l’ Arletty: Samedi à 16 h15 , Dimanche 18 h30, Lundi
14 h
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