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samedi 19 avril 2014

regard sur les films projetés au cinéma "Arletty" 19/04/2014



MIROIR DU CINÉMA QUINOCÉEN. 


Chronique plus ou moins régulière sur les films projetés au cinéma "Arletty" par Jean Michel FOREST.
Cette semaine au cinéma "Arletty" on peut voir Rio 2 avec ses enfants et petits-enfants, on peut aussi voir le dernier Lelouch avec les compères Johnny et Eddie, on peut aussi voir Les Yeux Jaunes des Crocodiles mais le petit bijou, le vrai diamant à ne pas manquer c’est Nebraska ...!!!

A la sortie d’une ville, au bord d’une route assez fréquentée pour être dangereuse, un vieil homme marche en boitant, la voiture du shériff s’arrête et l’on comprend alors que le vieil homme n’a plus vraiment toute sa tête. 
Son fils vient le chercher au poste de police, le ramène chez lui auprès de sa femme qui crie son désespoir de vivre avec un vieux fou qui pense avoir gagné un million de dollars parce qu’il a reçu une lettre d’un journal du Nebraska le déclarant gagnant de cette somme et qu’il refuse d’admettre qu’il s’agit d’un piège pour nigaud .... 
La photographie en Noir et Blanc accentue l’expression butée des visages à qui on ne doit plus en compter sur l’Amérique des gagnants, car nous sommes ici dans l’Amérique profonde, celle dont l’horizon est le cul des vaches ou des cochons, des infinis champs de maïs ou de blé, celle qui a les mains pleines du cambouis des moteurs de voiture, des camionnettes ou des machines agricoles, celle qui part en Corée sans rien dire quand l’Amérique a besoin pour sa politique d’envoyer ses garçons au bout du monde et ceux-là partent sans protester, sans doute sont-ce les mêmes qui ont été envoyés au Viet-Nam dans les années 60 et dont Pierre Schoendoerffer fait le portrait dans «Réminiscence 1989», vingt ans après leur retour ... 
Cette Amérique là n’est pas celle de la côte Est ou de la Californie, ce n’est pas non plus celle des panoramas grandioses et pittoresques, - le seul moment où un peu de pittoresque touristique se glisse dans le film, le Mont Rushmore et ses gigantesques sculptures, le vieux ne trouve pas la représentation des présidents à son goût -, non l’Amérique que nous présente le réalisateur Alexander Payne, c’est l’Amérique de la classe moyenne, pas vraiment pauvre,
pas vraiment riche, celle qui se retrouve avec pas grand chose dès qu’arrivent les difficultés économiques, qui s’évade par la bière, le goût des voitures, le karaoké, et la vision des matches de base-ball à la télé ... 
Elle n’est pas vraiment sympathique, cette Amérique, et pourtant l’obsession du vieil homme à vouloir empocher un magot illusoire au soir de sa vie et la tendresse du fils qui comprend qu’au lieu de traiter son père de vieux fou et de l’envoyer en maison de retraite comme le suggère le reste de la famille, il doit
l’aider à aller au bout de sa quête, même s’il sait qu’au bout du compte, il n’ y aura rien, est extrêmement touchante et profondément émouvante. Sans doute une métaphore de beaucoup de vies ... 
Une sorte de Road-Movie en Noir et Blanc et Cinémascope pour bien prendre la mesure de l’immensité un peu ennuyeuse de l’espace entre le Montana, le Wyoming, le Dakota du Sud et le Montana ... 
On peut se souvenir de David Lynch et de son film «Une Histoire Vraie» où un vieil homme décide d’aller voir son frère malade et pour se faire parcourt des milliers de kilomètres sur une tondeuse à gazon ... 
J’y retrouve ce sentiment où malgré la misère de la plupart de nos vies, c’est un sentiment de grandeur de l’existence humaine qui se dégage grâce à la volonté tenace d’êtres qui ont décidé que la vie malgré tout pouvait être bonne, à condition aussi d’y mettre »le prix» ...
L’acteur Bruce Dern qui joue le rôle du vieil homme a remporté le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes 2013 !!!

A voir en VO à l’ Arletty:     Samedi à 16 h15 , Dimanche 18 h30, Lundi 14 h

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