Octobre 2014 ,
au cinéma "Arletty",
un mois consacré aux guerres coloniales menées par la France en Indochine et en Algérie
Pour le second jeudi du souvenir,
un film d'auteur
"La 317 ème section "
Les apprentis compagnons doivent produire un chef d'oeuvre pour devenir artisans à part entière et être reconnus par leurs pairs.
au cinéma "Arletty",
un mois consacré aux guerres coloniales menées par la France en Indochine et en Algérie
Pour le second jeudi du souvenir,
un film d'auteur
"La 317 ème section "
Les apprentis compagnons doivent produire un chef d'oeuvre pour devenir artisans à part entière et être reconnus par leurs pairs.
Il faut considérer
que la 317ème section est un chef d'oeuvre, le chef d'oeuvre de Pierre
Schoendoerffer.
En tout cas c’est
ainsi que les critiques de tous bords le considèrent lors de sa
sortie en 1965.
Cette année-là, le film représente La France à Cannes et obtient le prix du meilleur scénario.
Cette année-là, le film représente La France à Cannes et obtient le prix du meilleur scénario.
Tourné en
1964 durant six semaines dans la jungle cambodgienne à l'époque
de la mousson, il est considéré comme
le film de guerre par excellence, le film de référence
sur la guerre des Français en Indochine.
Une quarantaine d'années
plus tard, lors de sa remasterisation, de sa projection à Cannes
dans sa version rénovée, il garde le même
statut.
Cela tient certainement à trois
raisons
Première
raison : le trio de base à l'origine du film sait de quoi il
parle.
Georges de Beauregard, le
producteur, est un ancien résistant.
Raoul Coutard, le chef opérateur
s'est engagé, dès 1945,dans le corps français
d’ Extrême-Orient, il retournera une seconde
fois en Indochine en tant que reporter photographe, c'est là qu'il
rencontrera, Pierre Schoendoerffer, le futur scénariste et réalisateur
de la 317ème section, lui-même engagé dans
le corps expéditionnaire comme caméraman au service
cinématographique des armées.
À ce
titre, Pierre Schoendoerffer couvrira un grand nombre d'opérations,
sera parachuté sur Diên Biên Phu où il
sera fait prisonnier à l'issue de la bataille.
Deuxième
raison : le film a longtemps été travaillé en
amont, c'est d'abord un synopsis, puis un livre, puis un scénario,
on n'y recherche pas d'effets spectaculaires, la caméra est à l'épaule,
elle ne voit pas plus que ce que voit un combattant de la 317ème
section.
La troisième
raison tient à ce qu'Henri Chapier écrivait
dans Combat le 1avril 1965
« Il n'entre ni
arrière-pensées politiques, ni aucun pathos
sentimental : on y décrit -avec une sobriété extrême-
le comportement de ces militaires qui s'acquittent au mieux de leurs tâches. »
Pas de super héros
donc, mais des hommes ordinaires plongés dans une situation extraordinaire :
La guerre
La jungle, la mousson, un pays
fascinant peuplé d'êtres attirants
Le fait que la section soit à la
fois dans la position du chasseur et du chassé.
Un film authentique donc et le
Capitaine Bonelli, lui-même ancien d’Indochine, nous a
dit, après la projection, combien cette histoire fictive était
proche de ce que nos soldats ont vécu là-bas.
Les esprits chagrins estimeront
qu'encore une fois les femmes ne sont pas concernées par cette
histoire d'hommes.
Or une femme participe de près
à l'élaboration du film : c'est Brigitte
Friang, nommée administratrice de production dans le générique.
Son parcours mérite
qu'on s'y arrête quelques secondes :
À dix
neuf ans elle entre dans la Résistance ( BCRA ); grièvement
blessée lors de son arrestation par la Gestapo, elle est déportée
à Ravensbrück, d'où elle
revient en France pesant alors moins de 30kg.
Elle devient attachée
de presse d'André Malraux lors de l’aventure
du RPF, puis part comme reporter en Indochine. Elle n'hésite pas à sauter
avec les paras pour les suivre en opération.
Le Capitaine Bonelli nous a rappelé combien
sa présence à Diên Biên
Phu, lors du Noël 1953, apportait un peu d’amitié à tous
ces militaires éloignés de leur famille.
Plus tard, en 1956, elle couvrira Suez, en 1967 la guerre des six jours,
l'offensive du Têt à Saïgon
en 1968, la chute de cette même ville en 1975.
Son livre, " Regarde-toi qui
meurs " est bouleversant, surtout toute la partie
ayant trait au séjour à Ravensbrück
et au difficile retour à la vie des déportés.
C’est d’elle
dont Malraux parle à la fin des Anti-Mémoires
lorsqu’il évoque la déportation, « cette
ombre de Satan étendue sur le monde ».
Une dernière remarque et une
anecdote.
Pierre Schoendoerffer disait qu'en
Indochine on avait fait une guerre de pauvres, il voulait faire un film de
pauvres.
Les balles à blanc, coûtant trop cher, tous les tirs que l’on voit dans le film ont été faits à balles réelles.
Les balles à blanc, coûtant trop cher, tous les tirs que l’on voit dans le film ont été faits à balles réelles.
L'anecdote rapportée par l'IDHEC : "lorsque l'équipe
revient au village où elle a tourné la
première séquence ( le poste de Luong Ba dans
le film ), elle a constaté que celui-ci avait été rasé par
les bombardiers américains qui avaient sans doute repéré une
activité suspecte".
La guerre du Vietnam avait fait
place à la guerre d’Indochine.FOREST Jean Michel, co organisateur de ce mois cinématographique du souvenir des guerres oubliées d'Indochine et d'Algérie
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