"Pierre Schoendoerffer, sentinelle de la mémoire".
Le documentaire réalisé par Raphaël Millet en 2012 : "Pierre
Schoendoerffer, sentinelle de la mémoire", est un portrait émouvant de cet écrivain
et cinéaste, réalisateur de "la 317ème section" et qui nous a quitté le
14 mars 2012.
Parcours étonnant que celui de ce jeune homme de
24 ans qui part en Indochine pour faire du cinéma et qui se retrouve plongé au
cœur d'une des plus grandes tragédies guerrières de la deuxième moitié du XXème
siécle.
Au delà des épreuves rencontrées et en
particulier de l'emprisonnement dans les camps Viêt-minh après la fin des
combats à Diên Biên Phù, il noue là-bas de profondes amitiés avec plusieurs
hommes de grande qualité comme Raoul
Coutard ( le futur chef opérateur des réalisateurs de la nouvelle vague et de
quelques autres comme Costa-Gavras ), le photographe Jean Péraud qui s'évanouit
dans la jungle en voulant échapper aux Viets .
Il rencontre aussi de belles figures
d'officiers, de sous-officiers qu'il métarmophose en des "Rois" dans
ses films ou romans.
S'il est clair qu'une des passions de Pierre
Schoendoerffer est le Vietnam - où il retournera en 1967 pour tourner " la
Section Anderson" (Oscar du meilleur documentaire 1967) et en 1991 pour
tourner "Diên Biên Phù", le film, et avec l'aide des anciens adversaires,- une
autre de ses passions est la mer.
Pour cet alsacien, né à Chamalières en 1928 et
dont la famille se réfugie à Annecy durant la deuxième guerre mondiale, d'où l'adolescent
admire Tom Morel et Anjot, deux Chefs du maquis des Glières, la Bretagne est son pays d'adoption, cela se
devine lorsqu'on regarde " Pêcheur d'Islande", " le Crabe
Tambour", "L'Honneur d'un Capitaine".
Les mouvements de la mer se rapprochent de la voûte
ondulante de la canopée des forêts tropicales, de cette jungle fascinante.
Les thèmes qu'il aborde pouvaient l'amener à des
discours extrêmes, mais Pierre Schoendoerffer a su échapper au clivage gauche
droite, pour ne s'intéresser qu'à la Condition Humaine.
Ces soldats, ces capitaines, "ces Rois",
héros de son œuvre, sont avant tout des hommes de courage,de fidélité, mais
aussi des hommes placés dans des
situations de dénuements extrêmes, pauvres et faillibles, face à des choix
tragiques.
Ils comprennent qu'ils peuvent renier ce à quoi
ils sont attachés et ne trouvent pas toujours la rédemption dont ils sont en quête.
Quête qui les amène toujours à vouloir enrichir "le talent" qu'ils
ont reçu.
Pour terminer, je citerai ces mots, que Serge
Toubiana adressait au cinéaste et écrivain lors de la rétrospective de son œuvre
en 2007 :
"Il y a chez vous une forme d'élégance et
une qualité de cœur qui renvoient à une époque où les hommes se respectaient, même
lorsqu'ils s'affrontaient, parfois durement, dans la guerre.
Un trait aristocratique, humain, un code
d'honneur, que l'on ne trouve plus guère à notre époque".
Merci Pierre Schoendoerffer d'avoir été ce que
vous avez été.
Le documentaire de Raphaël Millet donne envie de
revoir votre filmographie et de lire ou relire vos livres.
Un seul regret, nous n'étions pas assez nombreux
à regarder ce film documentaire de grande qualité ce jeudi 16 octobre à "l'Arletty"dans le cadre du mois consacré aux"Mémoires des guerres d'Indochine et d'Algérie."
FOREST Jean Michel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire