A propos du port de pêche...
par Georges Brezellec.
par Georges Brezellec.
Vous avez pu entendre,ces derniers temps, le mot "avances remboursables" concernant le port de pêche,cela mérite quelques explications:
Pour bien comprendre le mécanisme, il faut revenir un peu en arrière, lorsque la construction de notre port en eau profonde a été décidée; c'était au début des années 8O, quand, suite aux 2 dramatiques naufrages de coquilliers en baie de Saint Brieuc ,il fut décidé qu'un port accessible à toute heure de marée devenait indispensable pour en assurer la sécurité..
Grâce à la volonté, et à l'archarnement des élus de l'époque on peut se réjouir d'avoir un superbe outil, qui comble à la fois les plaisanciers et les marins pêcheurs, et qui, on espère, va pouvoir nous offrir la maintenance éolienne.
Pourtant, ce ne fut pas simple, un véritable parcours du combattant entre les autorisations administratives, les recours et le financement d'un tel projet; et pour faire simple, il fut décidé que la partie plaisance serait financée par un consortium d'entreprises privées appelée "Société du Nouveau Port" (SNP), qui , en échange, pourrait , pendant toute la durée de la concession (1988-2038) commercialiser les anneaux, terre-pleins ..etc; la partie pêche de son côté serait de la responsabilité publique, dont la gestion serait confiée à la Chambre de Commerce et d'Industrie pendant la même durée de concession (1988-2038).
Cette solution permettait, pour la partie pêche , d'obtenir des subventions, de l'europe (FEDER) de l'Etat et de la région, le restant du financement serait couvert par un emprunt contracté par la CCI (gestionnaire) et GARANTI par la CCI (fonds propres) le Conseil Général, et la ville de Saint Quay Portrieux, ces 3 institutions se sont engagées à soutenir notre criée, une convention a alors été rédigée en ce sens..
Pourquoi cette garantie ?
Parce qu'en 1990 date de l'ouverture du port, seuls 25 pêcheurs côtiers fréquentaient le port de Saint Quay, et qu'il fallait attendre que les navires du Légué et de Binic viennent nous rejoindre, et surtout qu'une flotille hauturière se mette en place, pour espérer un décollage des tonnages pêchés (1500t/an à l'époque) , c'était un pari que les responsables des collectivités ont pris et qu'il a fallu assumer, sinon il n'y avait pas de port en eau profonde.
Les recettes d'un port de pêche reposent sur le chiffre d'affaires des espèces mises en vente (poissons, coquillages, crustacés ..etc) la taxe prélevée est légèrement supérieure à 10% et elle doit couvrir les frais de fonctionnement, emprunts .., chacun comprendra que pendant les premières années, cette taxe ne pouvait pas suffire à couvrir l'ensemble des frais et que la convention liant les 3 partenaires institutionnels a été appliquée; c'est ainsi que depuis l'ouverture du port , la CCI a versé 1 900 000 euros, le conseil général 5 500 000 euros et la commune 2 4OO OOO euros (tous les chiffres sont arrondis), ces sommes auraient pu être versées sous la forme de subventions, puisque c'était conforme à l'idée de départ, mais les élus de l'époque ont pensé, à juste titre, qu'il ne fallait pas se précipiter que personne ne pouvait prévoir l'évolution économique de la pêche, et que celle ci, pouvait peut être un jour, dégager suffisamment d'excédents pour entrevoir un remboursement.
Nous sommes , aujourd'hui à la moitié de la durée de la concession, et le moment est venu de faire le point et surtout d'envisager l'avenir:
Avec 80 navires côtiers, 12 hauturiers, plus de 200 marins embarqués, 150 emplois à terre (dont 100 à Celtarmor) 11 000 tonnes de produits débarqués, le port de pêche est une belle réussite......mais qui peine à équilibrer ses comptes, Pourquoi???
Cette réussite , c'est aussi "l'arbre qui masque la forêt" la pêche se débat entre la raréfaction de la ressource, les contraintes des quotas européens, les lois sociales et la durée du travail (qui ont transformé ce métier depuis 1990) et la mondialisation du commerce qui empêche toute répercussion sur les cours, lorsque les quantités de poissons ou coquilles baissent, il faut savoir que 90% des produits de la mer consommés dans notre pays proviennent de l'étranger, notre criée subit les mêmes contraintes, auxquelles il faut ajouter des règles sanitaires de plus en plus rigoureuses, et des frais de fonctionnement plus lourds parce (informatique oblige) tous les poissons doivent être calibrés, un à un, avant la vente...imaginez ce que ça représente en personnel lorsque 60 tonnes sont à traiter avant 5 heures du matin !!!
La convention qui nous lie à la criée, prendra fin en 2038, et pendant toute cette durée, nous devrons assumer nos responsabilités: je ne crois pas à une augmentation des tonnages , par la faute de la baisse des quotas et aussi, par le nombre des bateaux de pêche qui continuera à diminuer, parce que l'Etat n'autorise des constructions neuves qu' "au compte-gouttes" , voyez ce qui est arrivé à notre seul chantier naval pêche, aujourd'hui fermé faute de commandes, la criée de son côté a besoin de faire des investissements pour rester aux normes, sinon elle perdra son agréement..il nous faudra, sans aucun doute, aider financièrement notre port...
Aujourd'hui, le conseil général nous propose de nous libérer de cette convention, en faisant entrer notre port de pêche dans la grande concession départementale des ports de pêche et de commerce,prévue au 1er janvier 2014, ce qui permettra de mutualiser le fonctionnement, le conseil général prenant à sa charge les investissements, mais pour que cela soit possible il faut que les comptes soient DEFINITIVEMENT arrêtés, et que ces avances dites "remboursables" soient comptablement actées comme subventions..
C'est l'opportunité de s'affranchir des aléas économiques de cette activité, au dernier conseil municipal, je n'ai pas apprécié l'intervention du conseiller Tanon, qui traite de légèreté et d'irresponsabilité ses collègues , qui eux, ont partipé a une réunion d'information, alors que lui même a brillé par son absence et qu'il ne connait RIEN aux problèmes rencontrés par la pêche, que dire aussi de l'intervention du conseiller Oliver qui souhaite engager une communauté de communes sur des sommes qui ont été versées AVANT que celle ci soit créee!! et l'attitude du maire qui engage un soi-disant débat sans qu'aucune délibération soit prévue!!
Tout cela ne fait pas très sérieux, alors que le fond du problème est l'avenir de notre port de pêche, je n'apprécie pas non plus,cette manipulation concernant les chiffres : 2 4OO OOO euros cela fait énorme évidemment , mais cette somme a été répartie sur les 23
premières années de la concession, soit en moyenne 105 OOO euros/an, chiffre à comparer aux autres subventions et soutiens que l'on verse par ailleurs, car sans entrer dans les détails c'est beaucoup moins que l'office de tourisme et le port de plaisance, moins que le budget annuel "animations"; c'est une somme équivalente aux subventions que nous versions au titre de l'école de voile, voudrait on nous faire croire que notre port de pêche ne méritait pas toute notre attention?
Aujourd'hui, le conseil général nous propose de nous libérer de cette convention, et d'engager notre port de pêche vers l'avenir, SEUL il n'y a pas de salut, l'inter-connexion des ventes bretonnes est déjà à l'ordre du jour, la vente par internet aussi, cela exige une refonte complète de notre fonctionnement qui passe par la mutualisation des moyens..
Cette écriture comptable qui consiste à transformer ces avances "remboursables" en subventions ne me pose aucun problème car c'est respecter l'esprit qui ont animé nos prédecesseurs, c'est aussi être lucide quant à la réalité de la situation de cette économie maritime et c'est renforcer l'image de notre ville: partenaire fiable sur qui les autres collectivités peuvent compter...
BREZELLEC Georges, adjoint au maire.
2 commentaires:
Belle explication qui éclaire le sujet. Il faut en effet montrer la fiabilité de ce conseil aux instances départementales pour qu'elles soient en confiance pour l'Echéance qu'est le choix de la maintenance éolienne.
Montrez, cher(e) elu(e)s que vous êtes au dessus des calculs incompréhensibles et suicidaires du maire. Il est temps de prouver votre maturité aux Quinocéens qui comptent (encore...) sur vous pour faire avancer la machine. Ce qui est bon pour la population est bon pour vous, n'en déplaise aux vengeurs(euses) qui l'oublient...
Merci à Monsieur Brezellec de ces explications claires et précises, celles sur la maintenance éolienne l'étaient tout autant, encore qu'un petit croquis non engageant sur les travaux au port aurait été le bienvenu.
Le Blog de Michel, décrié parfois à tort comme un brûlot polémiste devient un véritable organe d'information communale.
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