huitième partie.
BILAN D'ACTIVITE DE DEMI-MANDAT
DU CINÉMA-DANCING DE 1935 au CINÉMA " ARLETTY " 2011.
Sous la municipalité dirigée par Alfred Delpierre (1), maire de Saint Quay Portrieux de 1919 à 1941, a été construit un complexe de distractions, un cinéma-théâtre avec dancing .
Ce bâtiment d'inspiration "Art Déco" est une construction en béton armé (nouveau matériau des années 1930 ) sous la forme d'une équerre.
Cet ensemble est l'oeuvre de l'architecte départemental Jean Fauny (2), il a été édifié par l'entrepreneur Prosper Richet entre 1932/35.
Le 21 novembre 1995, il a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques... pour quelles raisons et à la demande de qui ???
La salle "Yéyé " occupe actuellement la salle du dancing.
Le cinéma-théâtre pouvait à son ouverture recevoir environ 350 spectateurs ( salle de plein pied et mezzanine ).
Sous la partie théâtrale et son espace scénique se trouvaient les loges d'artistes.
La projection des films jusqu'à sa fermeture se faisait par un projecteur traditionnel utilisant des bobines de pellicules argentiques.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale , on pouvait fréquenter deux cinémas à Saint Quay , le cinéma municipal qui deviendra "Arletty " et le "Celtic" avec ses chaises en bois.
La fréquentation de ces salles a suivi l'évolution de la société, elle a connu la transformation de la station balnéaire, elle a subi le déclin de l'activité commerciale de la ville et elle a dû faire face à d'autres moyens de distraction , la télévision en particulier.
Le renforcement de la réglementation concernant les Etablissements Recevant du Public a multiplié les contraintes et rendu difficile non seulement la rentabilité d'un petit cinéma de province mais a posé très clairement l'équilibre financier d'une telle entreprise.
En 1975, le fonds de commerce du cinéma appartenant à la ville a été vendu à M Lutse René et à Mlle Lutse Sylvie pour 150 000 francs.
Le 30 juin 1993, la commune cède de nouveau le fonds à la SARL "Glozel" pour la somme de 250 000 francs (200 000 frcs pour les éléments incorporels et 50 000 frcs pour le matériel).
Au fil des années, le gérant de cette SARL a constaté la baisse sensible des spectateurs, il n' a pas fait les travaux d'entretien obligatoires pour le respect de la réglementation des EPR , faute de moyens, il a négligé le chauffage de la salle durant la mauvaise saison, de plus, il interrompait les séances lorsqu' il y avait moins de cinq clients et pour terminer sur sa mauvaise situation financière, il a procédé à la fermeture de la mezzanine pour obtenir un changement de catégorie du cinéma afin de réduire le coût de la mise en sécurité.
La commission de sécurité de l'arrondissement de Saint Brieuc, suite à sa visite du lundi 26 mai 2003, a émis un avis défavorable à la poursuite de l'exploitation de l'établissement; ce procès verbal a été notifié à l'exploitant par le maire G.Lambotte et transmis au Préfet des Côtes d'Armor ainsi que toutes les informations concernant la réalisation des travaux prescrits.
Le 25 mars 2005, le conseil municipal s'est prononcé favorablement sur le principe d'acquérir le fonds du cinéma "Arletty" et a autorisé le maire à engager les négociations nécessaires.
Le 3 mai 2005, le conseil municipal a voté l'achat du fonds et du matériel pour la somme de 11 000 € (71 155.27 francs ) à l'unanimité des 17 votants.
Le cédant , la SARL n 'a produit aucun document comptable.
La municipalité sortante se proposait de remettre en service le cinéma par une restauration "à minima" sur la durée de la mandature.
Remise aux normes de la salle, révision du mode de chauffage, restauration de la partie théâtrale , numérisation de la projection et de la sonorisation.
L'audit de plusieurs délégataires laissait entendre que pour une gestion correcte , la municipalité devrait couvrir un déficit avoisinant les 20 000 € annuel, il y a six ans de cela.
Avant de commencer les travaux, dans une période où se préparait la construction de l'aire de carénage pour une somme de plus de 3 000 000 €, la municipalité a sollicité la société "NORISKO construction" pour une première expertise des parties visibles et accessibles de l'ouvrage, des équipements électriques et de l'installation gaz.
Ce diagnostic, en date du 9 octobre 2006 , a fait l'objet d'un rapport de 42 pages comportant de très nombreuses observations.
La demande de réouverture du cinéma existait chez les quinocéens, le soucis aussi de trouver un moyen efficace pour limiter le déficit de fonctionnement traversait les conseillers municipaux soucieux de l'usage des deniers publics.
A ce titre qu'il s'agisse d'une régie ou d'une délégation de service public, le problème du financement du déficit d'exploitation reste le même; la loi interdit en effet de couvrir le déficit par une subvention du budget général.
Tant mieux pour le contribuable quinocéen mais qui paiera le déficit ? les usagers!!!
La nouvelle municipalité élue sous le titre "Autrement " proposait dans son programme la réouverture rapide du cinéma -théâtre.
En septembre 2007, on pouvait lire sur le blog du candidat Dominique Blanc "ouvrir le théâtre municipal est urgent car c'est une nécessité d'offrir des spectacles , conférences et séances de cinéma"; à la veille de l'ouverture du cinéma, qu'est devenue la partie théâtrale, que signifiait le mot urgent chez M Blanc?
De toute façon, la subvention espérée du CNC empêche toute activité autre que le cinéma d'ou l'impossibilité d'étaler les frais d'exploitation par l'intermédiaire d'activités théâtrales, conférences, cabaret etc...
D'ou l'idée tardive de M Blanc d'associer une médiathèque au cinéma dans la salle "Yéyé" pour partager le coût de fonctionnement du cinéma.
Cette idée figurait dans le programme électoral de M Lambotte, M Blanc n'a donc rien inventé.
Trois années se sont passées depuis la prise en main de ce dossier par M Blanc, trois années où ce projet de restructuration a connu de nombreuses variations et le coût des travaux... une inflation prodigieuse.
Le cinéma pourrait sans détour connaître une autre appellation, celle de Dominique Blanc, tant cette rénovation est totalement l'affaire personnelle du maire .
Les élus, à la veille du 19 octobre 2011, le jour de la première , ont été totalement écartés de la réalisation de cette salle, ils sont restés à regarder de loin se réaliser le projet mégalomaniaque de M Blanc.
Cette restructuration est le fruit d'un élu novice dans la gestion d'une collectivité locale, elle souligne aussi un certain nombre d'incompétences de notre premier magistrat et elle montre son côté dépensier par son recours à multiplier les emprunts.
L'ignorance des premiers temps, qui a conduit le maire à ignorer que le cinéma était à l'inventaire supplémentaire des monuments classés, a coûté cher aux contribuables quinocéens.
L'absence de concertation avec les membres du conseil, le refus de les écouter a fait bondir le budget de ce cinéma high-tech de 167 places.
Au début , le maire annonçait une somme de 750 000 € HT, on est passé rapidement à un 1 000 000 € HT , on parle maintenant de 1 300 000 € HT mais plus certainement de 1 500 000 € HT.(3)
Le maire ne veut pas ajouter à ce budget annexe du cinéma la dépense de la transformation de la place Jean Baptiste Barat et la réalisation de l'allée dallée en granit avec ses bancs publics et ses spots bleus photovoltaïques qui mène à l'entrée de la salle.
A cela, il faudra faire l'avance de trésorerie de la TVA à 19.6% qui sera remboursée à la commune dans deux ou trois ans au plus tôt, au taux de 15.482%.
Cette avance de 300 000 € environ n'est pas d'un montant négligeable pour les finances locales.
La grande question posée par l'ouverture de ce cinéma , hors du commun pour une ville de 3 200 habitants sur 10 mois de l'année, est le coût de son fonctionnement et sa manière singulière de commencer son activité.
Le conseil municipal, dans une sagesse retrouvée, demandait la venue d'un délégataire pour lui confier l'exploitation et la gestion du cinéma , il n'a pas été suivi.
Un premier appel à candidatures a subi un "mauvais sort " et on a assisté à l'embauche sans modération de plusieurs professionnels , le directeur de la salle , une projectionniste, une entreprise de nettoyage, la mise à disposition du personnel communal et tout ce qui n'est pas connu des élus.
La programmation pour le premier mois de fonctionnement de 59 séances de projection marque un volontarisme qui risque aussi d'augmenter fortement le déficit de fonctionnement annoncé.
Cette affaire autour du cinéma municipal au coût démesuré montre, depuis des mois, le mauvais fonctionnement de la municipalité.
L'autoritarisme du maire et l'opacité du financement de ce projet expriment une dérive inquiétante; on est de plus en plus loin de la description faite dans le programme "Autrement" du rôle du maire et de ses conseillers visant à se mettre au service de la population en sachant l'écouter, en remettant la relation humaine au coeur de leurs préoccupations.
Le maire n'écoute pas les conseillers municipaux , encore moins ses adjoints et il ignore les habitants de la ville aussi, il ne faudra pas s'étonner du côté largement hasardeux de la réouverture de ce cinéma haut de gamme .
Aider la culture en général est louable, apporter au plus grand nombre le goût du savoir et de la réflexion est magnifique , faire découvrir le monde et toutes ses différences est une belle aventure, la première programmation rapportée aux sommes engagées dans ce cinéma et son fonctionnement déficitaire confirme que l'on fait fausse route.
Dans un pays en crise ou rien de bon n'est annoncé, s'amuser à dire que la culture n'a pas de prix est irresponsable.
La projection du nombre de films affichés dans la programmation est inquiétante et confirme l'appellation que le maire avec son cinéma en régie municipale est vraiment "Autrement". et que surtout la course à faire à tout prix de la recette est lancée.
Le terme " Pole culturel" de cet investissement après cette programmation reste bien sûr à découvrir !!!
JOUNENT michel LAMBOTTE gérard
(1) Delpierre Alfred, né à Rouen en 1875, décédé en 1957.
(2)Fauny jean (1896-1973) .
(3) la connaissance du coût de cette restructuration du cinéma municipal, de ses abords et de son fonctionnement en régie est très difficile à obtenir.
Le maire répond avec difficulté aux courriers adressés visant à obtenir les actes administratifs concernant les investissements , le financement du cinéma et aussi sur tous les sujets de la vie municipale.
Il oublie trop souvent qu'il est le garant de la loi et qu'il se doit de l'appliquer et en particulier l'article 2 de la loi du 17 juillet 1978 relative à la liberté d'accés aux documents administratifs.
Les documents se rapportant à des pièces destinées à finaliser les actes et contrats faisant suite à une délibération du conseil municipal, sont COMMUNICABLES.